Les aventures post-mortem de la dépouille d’Eva Perón

María Eva Duarte de Perón, dite Evita, (7 mai 1919 – Los Toldos (Argentine) – 26 juillet 1952) seconde épouse du président Juan Perón est un mythe et une icone de l’Argentine du XXème siècle.

Maria Eva Duarte est une des cinq filles du couple Juana Ibarguren et de Juan Duarte (1872-1926). Elle grandit dans les environs de Junín dans un milieu social défavorisé. À 15 ans, elle part pour Buenos Aires afin d’y trouver du travail. Elle y devient une actrice de cinéma dans des mélodrames de série B et de radio dans des feuilletons sur radio El Mundo. Elle apparaît régulièrement dans un programme dramatico-historique, Les Grandes femmes de l’Histoire dans laquelle elle joue Élisabeth Ire d’Angleterre, Sarah Bernhardt et Alexandra Fedorovna, dernière tsarine de Russie.

Elle rencontre le colonel Juan Perón lors d’une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les victimes du tremblement de terre qui avait secoué la région de San Juan. Après avoir été pendant un temps sa maîtresse, elle l’épouse le 21 octobre 1945. Ses racines humbles l’ont tout naturellement destinée à assurer la liaison entre son mari et les travailleurs, ceux qu’on appelle les « sans-chemises » (descamisados), base sociale importante du régime. Elle a fortement contribué à la campagne de son mari pour l’élection présidentielle de 1946. Utilisant son émission de radio hebdomadaire, elle se lance dans de grands discours appelant les pauvres à se relever. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées. Cependant elle cautionne et aide les criminels nazis à se cacher dans son pays (surtout les grandes familles riches).

Eva Perón a été emportée par un cancer de l’utérus à l’âge de 33 ans .

Son corps a été embaumé et exposé jusqu’à ce qu’un coup d’État militaire ne chasse son mari du pouvoir en 1955.


Le corps d’Eva Peron dans son cercueil de verre

Son corps a alors été secrètement transporté en Italie, à Milan, puis enterré au cimetière Maggior, avec l’assistance du Vatican, sous la fausse identité de Maria Maggi de Magestris. Seul le pape Pie XII – et ses successeurs -, les colonels de l’agence de renseignement SIE Héctor Eduardo Cabanillas et Hamilton Díaz, fondateur de l’agence privée de sécurité ORPI, le prêtre Francisco « Paco » Rotger, confesseur personnel du général Lanusse et membre de la Société de saint Paul, connaissaient alors la localisation de la dépouille.

Le général Aramburu, Lanusse et le supérieur de la Société de saint Paul à Buenos Aires, le père Hércules Gallone, savaient eux qu’Eva était enterrée « quelque part en Italie » [5]. Lorsqu’Aramburu fut enlevé par les Montoneros, il avoua à ces derniers qu’Evita avait été inhumée en Italie [5].

Lorsqu’en 1971 le général Lanusse accepta de rendre la dépouille d’Evita à Juan et Isabel Perón, en présence de José Lopez Rega, à Madrid, les Montoneros enlevèrent en octobre 1974, alors que le général était rentré d’exil, la dépouille d’Aramburu afin de contraindre Isabel de rendre le cadavre à l’Argentine [5]. Le corps d’Evita est alors rapatrié en Argentine, brièvement exposé au public. Elle a été une nouvelle fois enterrée par la junte de Videla le 22 juillet 1976, dans la tombe familiale du cimetière de la Recoleta de Buenos Aires.

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